Présentation du site du maquis de l’Oisans

Le site du maquis de l’Oisans en deux réponses

 

Comment?

Exactement dans l’esprit du capitaine André Lanvin-Lespiau, commandant le secteur 1, qui ouvrait ainsi son « avertissement au lecteur » (intégralité ici) de son ouvrage Liberté Provisoire :

« Ces quelques pages, sans prétention littéraire, qui sont le fidèle récit de notre combat, n’ont qu’un mérite, celui d’être vraies, vraies jusque dans le plus petit détail.
Cette vérité sera diversement appréciée d’aucuns qui se sont, comme dans la fable, injustement parés des plumes du paon, et qu’elle remet à leur place, d’un rang assez modeste parfois.
Peu nous chaut…« 

 

Pourquoi?

Le maquis de l’Oisans, un maquis du silence ? Pas vraiment.
Un maquis, d’une discrétion après la Libération inversement proportionnelle à son efficacité avant la Libération, ça oui.

Créé par un officier des Troupes coloniales, ce maquis est celui qui a participé de manière capitale à la libération de Grenoble le 22 août 1944 au cri de « Les Boches ne nous auront pas, nous vengerons le Vercors » en référence au maquis voisin que la Wehrmacht avait éradiqué le mois précédent.
Le maquis de l’Oisans perdra 67 des siens dans ces combats d’août 1944 où, seul à se battre pour la libération de la vallée de la Romanche et de Grenoble, il a combattu, contenu puis repoussé l’ennemi jusqu’à l’arrivée des alliés auxquels le capitaine André Lanvin-Lespiau livra une région libérée d’une armée allemande exsangue et en fuite.
Laissons-le ici donner ses conclusions :

«  Une faible troupe de 1526 volontaires FFI, médiocrement équipée, dotée d’un armement hétéroclite d’infanterie, a tenu victorieusement tête pendant près de deux semaines à un ennemi dix fois supérieur en nombre et cent fois mieux armé, comprenant des unités d’élite : les fameux chasseurs alpins allemands, les « Alpenjäger », renforcées par de l’artillerie, des mortiers, de l’aviation de bombardement en piqué, lui infligeant des pertes considérables, pour finalement le bousculer et le vaincre à l’approche de la 7ème armée américaine, s’emparant d’un millier de prisonniers et d’un important matériel.
Faut-il crier au miracle ? Nullement !
Le succès ne s’improvise pas. Celui-ci est dû :

  1. À la troupe qui était une sélection, une élite de volontaires décidés à vaincre ou à se faire tuer ;
  2. Aux chefs ayant les mêmes idéaux que la troupe, dont ils étaient issus : cadres de carrière ou de réserve pour les deux tiers ; ils appartenaient à peu près tous aux Troupes coloniales ;
  3. À l’excellence de la tactique adoptée : les chefs avaient confiance dans leur troupe. La troupe avait confiance dans ses chefs qui n’hésitaient pas à payer de leur personne et connaissaient leur métier.

Et les mêmes éternelles recettes de discipline et de force morale ont une fois de plus fait leurs preuves« .

(Les combats d’août 1944 en Oisans, imprimerie nationale de France en Autriche, 8 pages, p. 8)

Pour que la lumière se voie, car tous la méritent, ceux qui l’ont rejointe, éternelle, au combat, ceux qui se sont battus pour elle et ceux qui l’ont aujourd’hui grâce à eux tous ;
Pour que la mémoire dépasse les hommes et les générations et serve à l’humanité au-delà de ceux qui auront marqué l’histoire ;
Pour que la vérité, seul gage de la vraie liberté pour laquelle le sang a coulé, soit respectée car elle est l’unique condition de la mémoire ;
Parce que la fidélité au lieutenant-colonel Lanvin-Lespiau passe aussi par là, quand bien même il écrivait :

« Nous, nous avons fait tout notre devoir, et même un peu plus, mais nous n’avons pas cru nécessaire d’aller le crier sur les toits pour autant… Qu’il nous soit beaucoup pardonné parce que nous avons beaucoup donné : nous avions tous fait joyeusement le sacrifice de notre vie. Nous ne l’avons jamais marchandée ».

(Liberté provisoire, Grenoble, Société nouvelle de l’Imprimerie des Deux-Ponts, 1973, 474 pages)

Il est des silences à rompre au profit de la seule vérité : c’est le but de ce site.

Louis Hibal 
administrateur