Naissance du maquis de l’Oisans

22 juin 1940 : Le gouvernement français signe l’armistice.

Le lieutenant André Lespiau, après avoir été cité à l’ordre du 9ème régiment d’artillerie coloniale tractée, pour sa conduite au feu en juin 1940, rejoint la maison mère des Troupes coloniales à Fréjus.

11 novembre 1942 : La zone sud est envahie.

Membre depuis 1941 de l’Armée secrète du Var où il fut baptisé Lanvin par Maigret, alors chef départemental, le capitaine André Lespiau sert à la tête de la 7ème batterie du 10ème régiment d’artillerie coloniale à Toulon. Il est démobilisé.

30 novembre 1942 : Toute la France est occupée. 

Les rangs des maquis gonflent après l’instauration du Service du Travail Obligatoire (STO) qui poussent de nombreux jeunes gens à « prendre le maquis » – entendre, se cacher « dans la nature » – pour ne pas être obligé de partir travailler en Allemagne. Le capitaine André Lespiau est affecté aux Groupements Militaires d’Indigènes Coloniaux Rapatriables (GMICR) à Fréjus. Il est désigné en février 1943 pour commander la 14ème compagnie du 1er sous-groupement du 1er GMICR à Jarrie (Isère), la 13ème se trouvant à côté, à Pont de Claix.

6 février 1943 : La France s’enfonce sous la domination allemande. 

La Résistance dans les Alpes s’organise, notamment l’Armée secrète avec le général Delestraint, le futur général Le Ray, commandant Bastide. Ainsi émergent les maquis du Vercors, de la Chartreuse, du Grésivaudan (capitaine Stéphane), de l’Oisans. Le capitaine André Lespiau débarque à Jarrie à la tête de la 14ème compagnie de Tirailleurs indochinois des GMICR, désignée pour venir travailler dans les usines de la Basse-Romanche. Il se voit tout de suite confier par le commandant Sylvain, chef militaire départemental de l’Isère jusqu’en mai 1944, le commandement du sous secteur de la Basse-Romanche (Pont de Claix, Jarrie, Vizille, Rioupéroux).

20 décembre 1943 :

A la caserne de l’Alma à Grenoble, le capitaine André Lespiau reçoit le commandement du secteur 1 de l’Armée secrète des mains du commandant Sylvain, alors que, fin novembre 1943, la Gestapo et la Milice avaient décapité l’organisation grenobloise de la résistance, la rendant quasi inexistante. Trois mois plus tard, il est porté déserteur par des officiers zélés. Cette situation vaut à son père, le capitaine Paul Lespiau, ancien combattant valeureux de 14-18 et membre du réseau Turma Vengeance, d’être arrêté à titre de représailles par les Allemands et déporté à Buchenwald d’où il ne reviendra plus.

La clandestinité du capitaine André Lanvin-Lespiau devient désormais totale.

Voilà comment un officier catalan servant dans les troupes coloniales s’est retrouvé avec des tirailleurs indochinois et des Africains sous ses ordres, à la tête d’un maquis des Alpes. Et c’est sans compter sur tous les Français et les étrangers (Polonais, Russes, Tunisiens, Algériens, Espagnols, etc.) qui l’ont rejoint par la suite. Voilà la spécificité du Maquis de l’Oisans : il regroupait des hommes de toutes races, de toutes cultures autour d’un chef qui fédérait les énergies par la mort consentie pour la Liberté et pour la France. C’était un défi qui volait bien au-delà des simples allégations ou revendications d’appartenance politique qui n’avaient de toutes façons pas cours au maquis.

Rappelons également que celui-ci comptait dans ses rangs un aumônier catholique et un rabbin. Voilà une liberté religieuse, et pas provisoire pour le coup, qui permettait sans aucun doute d’établir une paix fédératrice entre les hommes, de fixer l’intérêt de chacun sur l’essentiel et de cristalliser les volontés sur la seule cause qui valait alors : avec tous les hommes volontaires sans distinction aucune, la Liberté de la France ou la mort.

Le contrat était clair. alors, les hommes adhéraient et le maquis pouvait reprendre forme et se préparer à la victoire.